Parmi les pays concernés, la Tunisie fait office de « meilleur élève » que ses voisins. Sur les 9.424 Obligations de quitter le territoire français (Oqtf) prononcés à l’égard de ressortissants tunisiens, 131 expulsions ont pu être exécutées, soit 4%, contre 2,4% pour le Maroc et 0,2% pour l’Algérie. Des chiffres qui expliquent, notamment, pourquoi la France a décidé de tronquer l’octroi de visas de 33% pour la Tunisie et de 50% pour ses voisins algérien et marocain.
La France décide de taper sur les doigts de ses partenaires de la rive sud de la Méditerranée, en décrétant que, désormais, l’octroi de visas de toutes sortes connaîtra une baisse drastique. Ainsi, Tunisiens, Algériens et Marocains qui voudraient se rendre en France pour affaire, tourisme ou études, pourraient se voir refuser ce précieux document de séjour. Officiellement, cette décision est une mesure de rétorsion contre ces trois pays maghrébins qui rechignent à accepter le rapatriement de leurs ressortissants visés par des Oqtf (Obligations de quitter le territoire français). Selon des sources citées par la chaine de télévision française CNews, le président Emmanuel Macron aurait décidé de prendre cette mesure lorsqu’il « découvre » en Conseil de défense, le nombre de Oqtf non appliquées en raison de la réticence des pays d’origine. Pourtant, cette affaire n’est pas nouvelle. A chaque visite officielle ou discussion bilatérale entre officiels, le sujet est abordé. Mais la Tunisie, tout comme l’Algérie et le Maroc ont pris l’habitude de faire traîner les dossiers à l’infini.
Parmi les pays concernés, la Tunisie fait office de « meilleur élève » que ses voisins. Sur les 9.424 Oqtf prononcées à l’égard de ressortissants tunisiens, 131 expulsions ont pu être concrétisées, soit 4%, contre 2,4% pour le Maroc et 0,2% pour l’Algérie. Des chiffres qui expliquent, notamment, pourquoi la France a décidé de tronquer l’octroi de visas de 30% pour la Tunisie et de 50% pour ses voisins algérien et marocain.
Ce n’est donc pas nouveau et beaucoup se demandent pour quelle raison cette affaire ressurgit d’un coup dans le paysage et surtout, pourquoi la France, qui a toujours préféré le dialogue avec ses partenaires maghrébins, a-t-elle eu cette réaction si dure. La réponse est à chercher du côté du calendrier politique de la France. En effet, les enchères pour remporter la course à l’Elysée en 2022, ont commencé. Le bal a évidemment été ouvert par l’éditorialiste d’extrême droite, probablement candidat, Eric Zemmour, qui a su imposer dans les médias et dans l’opinion publique son thème de campagne de prédilection : l’immigration. Reçu dans les plus prestigieux plateaux télé, celui qui monte dans les sondages (il est accrédité de près de 10% des intentions de vote), a effrayé les Français avec sa théorie dite du « grand remplacement ». Une théorie selon laquelle il existe un processus de substitution de la population française par une population non européenne, en l’occurrence noire et maghrébine. Un discours très à droite qui oblige, semble-t-il, le chef de l’exécutif, Emmanuel Macron, candidat à sa propre succession, à réagir.
Ainsi, il se met dans la posture du chef d’Etat fort, qui peut défendre une ligne dure sur la question de l’immigration.
Une surenchère malvenue qui aura d’abord pour conséquence d’exacerber la xénophobie en France, mais aussi de jeter un froid sur les relations entre la France et ses partenaires du Maghreb arabe.
Cela dit, cela ne dédouane pas la diplomatie tunisienne, marocaine et algérienne de leur responsabilité dans cette crise qui se répercute sur la vie de leurs ressortissants demandeurs de visas pour la France. Tout comme ces pays du sud de la Méditerranée qui réclament sans cesse d’être traités avec respect, ils doivent également faire preuve de respect envers le partenaire français, qui a le droit souverain d’expulser de son territoire toute personne étrangère qui ne respecte pas le cadre légal de la France.
Par ailleurs, il serait plus sage que la France dialogue de manière apaisée avec ses partenaires sur ces dossiers. La « ligne dure », si elle est prolongée par ce pays peut aussi provoquer une riposte tout aussi dure de la part des pays du Maghreb.
Il y a quelques mois, lorsque Rabat et Madrid étaient en froid diplomatique, le Maroc avait décidé de fermer les yeux sur près de 8.000 migrants qui ont rejoint l’enclave espagnole de Ceuta.